Faisan commun
Une fiche de l'ONCFS (2009).
Description de l'espèce
L'apparition et le renouvellement des plumes, ou mues, permettent la détermination assez précise de l'âge des faisans jusqu'à cinq mois environ lorsqu'il est possible de les manipuler. En nature, la détermination est plus difficile. On se base sur la différence de taille avec un adulte proche (cas des compagnies) et on observe les caractéristiques du plumage pour les mâles : apparition ou pourcentage de plumes adultes. Le plumage adulte est complet vers l'âge de 4 mois. Il est impossible de déterminer l'age approximatif en années des faisans adultes. Les différences de plumage permettent une distinction sans ambiguïté des adultes. Les jeunes mâles et femelles ont le même plumage jusque vers l'âge de 5 à 6 semaines, quand débute la mue juvénile. On peut les distinguer dès cet âge quand on peut les avoir en main mais il faut attendre 2 à 3 semaines de plus pour les reconnaître en nature. Détermination de l'âge
Détermination du sexe
Les jeunes ont un régime alimentaire essentiellement à base de nourriture animale au cours de leur premier mois : fourmis, chenilles, pucerons, sauterelles, papillons, petits coléoptères... La proportion décroît progressivement jusqu'à l'âge de trois mois pour se rapprocher du régime habituel des adultes, composé pour plus de 90% de substances végétales, complétées de petits animaux et de mollusques. Les besoins quotidiens sont alors de 100 à 120 grammes de végétation herbacée (principalement pousses de graminées et de légumineuses) de bourgeons et de baies, ou 60 à 80 grammes de graines. Les besoins en eau sont satisfaits à partir de l'eau de surface, de la rosée ou des végétaux verts. Le faisan ingère en outre du sable grossier et des petits cailloux qui facilitent le broyage des aliments dans le gésier. Caractères biologiques
Régime alimentaire
Rythme d'activité
Le faisan a des mœurs diurnes et crépusculaires. Le rythme d'activité varie selon la saison, les conditions météorologiques et l'état sexuel. Peu après le lever du jour, les oiseaux quittent leur lieu de repos et rejoignent les zones de gagnage où ils séjournent quelques heures. Après une période de repos à couvert, ils se nourrissent à nouveau deux à trois heures avant la nuit, puis regagnent leur dortoir. Ils peuvent ainsi parcourir jusqu'à 1km. La période de reproduction modifie ce rythme. Des manifestations d'agression entre coqs peuvent se produire tout au long de la journée. Les poules couveuses ne quittent leur nid qu'une fois par jour pendant une demi-heure environ en milieu de journée. Les poussins se nourrissent avec leur mère, plutôt aux heures chaudes, après la disparition de la rosée. En fin d'automne et en hiver, les mauvaises conditions climatiques et le raccourcissement des jours incitent les faisan à se nourrir tout au long de la journée.
Le faisan est généralement polygame. Des groupes de reproducteurs comportant un mâle et 1 à 5 ou 6 poules, des harems, se constituent au cours des mois de février à avril et parfois plus tard. Les coqs accompagnés de poules sont des animaux devenus dominants à la suite de combats les opposant deux par deux. La ponte débute dès la deuxième quinzaine de mars mais de nombreux nids sont détruits ou abandonnés, même en cours de couvaison. Le nid, à même le sol, contient le plus souvent 9 à 12 œufs. Seule la poule couve. L'incubation dure 23 à 25 jours. La majorité des éclosions a lieu en mai et juin mais elles peuvent se prolonger jusqu'en août. 30 à 70% des nids parviennent à l'éclosion selon les années et les sites choisis par les poules. Les principales causes de pertes sont le gel, les orages, l'entretien des éléments fixes du paysage, le travail du sol, notamment la récolte des fourrages, les activités de loisirs (cueillette du muguet) et la prédation. Les poussins sont nidifuges. Ils sont protégés et réchauffés par leur mère jusqu'à l'âge de 4 à 6 semaines selon la rigueur des conditions climatiques. La poule et ses jeunes forment une compagnie qui reste soudée jusqu'en fin d'été, pendant 2 à 3 mois, malgré de possibles rassemblements ou échanges entre certaines d'entre elles. Des regroupements interviennent ensuite pendant l'automne et l'hiver. On constate, selon les années et la qualité des milieux, de 40 à 80% de survie sur les jeunes en compagnies.Reproduction et survie
Le faisan est susceptible de s'acclimater dans presque tous les milieux situés en dessous de 800 à 1000 m d'altitude. Il affectionne particulièrement les paysages diversifiés où s'entremêlent bois, haies, bosquets, friches et cultures (au moins 15-20%). On le rencontre aussi dans des milieux très divers comme le bocage, la garrigue, les zones marécageuses et même les grandes plaines céréalières parsemées de quelques couverts boisés. Les éléments défavorables sont principalement les vieux taillis, les grandes superficies de vieilles futaies, l'absence de cultures et les zones à dominance herbagères avec récolte des fourrages pour de l'ensilage. Quand le milieu est très favorable, le domaine vital annuel de la grande majorité des faisans adultes est restreint, de l'ordre de quelques dizaines à 100-150 ha. Certains jeunes peuvent se décantonner de plusieurs km en périodes d'émancipation, en début d'automne et en fin d'hiver. En période de reproduction, les mâles qui conduisent un harem défendent contre les intrus un petit territoire de 2-3 ha, dans les milieux très favorables, à une dizaine d'ha dans les milieux moins accueillants. Ce territoire comporte une zone de couvert pour les repos nocturnes et diurnes, une zone d'alimentation et une zone dégagée pour les relations sociales. Le harem évolue sur une surface de quelques dizaines d'ha au maximum mais les poules n'utilisent que quelques ha en période de couvaison et pendant les premières semaines de l'élevage des jeunes. En automne et en hiver les groupes utilisent successivement des petits domaines en fonction des intempéries et des ressources alimentaires disponibles. Ainsi, la plupart des membres d'une population peuvent évoluer sur 200 à 300 ha quand les conditions d'accueil sont très favorables. Le faisan commun est originaire d'Asie où subsistent 31 sous-espèces de P. colchicus et 3 de P. versicolor (au Japon). Après l'avoir découvert lors de la conquête de la Grèce, les Romains furent les artisans de sa dispersion en Europe. En France, sa présence est confirmée au moins depuis le neuvième siècle. De nombreuses autres introductions ont eu lieu, notamment au XXème siècle. L'espèce est actuellement présente partout en France, sous forme de populations mixtes ou naturelles. En date du : 1 janvier 2004 L'espèce est inscrite sur les annexes I (chasse autorisée) et II (vente et transports autorisés) de la directive « Oiseaux » et l'annexe III (chasse autorisée) de la convention de Berne. Une enquête est actuellement menée par P. Mayot dans le cadre du réseau Perdrix - Faisan pour connaître l'évolution du nombre de populations naturelles dans la moitié Nord de la France (zone du pays qui abritait la majorité des populations lors de l'enquête précédente, en 1988). Les premiers résultats de cette enquête montrent que le nombre de populations naturelles a triplé en 15 ans, puisque près de 140 ont été répertoriées à ce jour (cf. Carte). Populations naturelles de faisan commun recensées en 2003. Selon une enquête de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, cinq millions de faisans ont été tués en France pendant la saison de chasse 1998/1999. Le faisan arrive au second rang au tableau national derrière le pigeon ramier et au premier des espèces gibier sédentaires. 52% des chasseurs en ont tué au moins un durant cette saison, le nombre moyen prélevé atteignant 6,5. La quasi-totalité du tableau est composée de faisans d'élevage. Il en serait lâché annuellement plus de 10 millions selon différentes sources. Cela explique qu'il est prélevé dans tous les départements et que les tableaux les plus élevés sont notés dans le Pas-de-Calais, le Loiret, le Loir-et-Cher et la Gironde tous départements à forts effectifs de chasseurs! Cela explique aussi que le cliché « faisan = gibier de tir » ait encore la vie dure auprès des chasseurs, et surtout du grand public. Cependant, on constate une nette évolution des esprits pour promouvoir une chasse qualitative plutôt que quantitative. Dans la moitié nord du pays, les efforts de gestion et de repeuplement se sont multipliés ces dernières années. Par exemple, dans le département de l'Aisne, dix zones sont concernées par un plan de chasse de l'espèce sur une superficie de 136.000 hectares où les lâchers en période de chasse n'existent plus et en Eure et Loir un plan de chasse a permis le développement d'une population naturelle qui est passée en quinze ans d'un effectif de 250 à 2200 reproducteurs installé sur 3000 hectares environ. Par ailleurs, des études récentes font état pour certaines souches de capacités de reproduction et de survie en nature supérieures à celles utilisées jusque là. C'est le cas par exemple d'oiseaux issus de reproducteurs sauvages capturés en Chine ou en France au sein de populations naturelles depuis des décennies. L'ONCFS possède de telles souches entretenues dans son centre d'élevage des Vindrins à Auffargis et les utilise à titre expérimental ou dans le cadre de conventions de réimplantation de populations naturelles. Les modes de lâcher ont également évolué. Le développement important des volières à ciel ouvert (volières anglaises) est favorable à la réussite des repeuplements. De plus, la réglementation accompagnant ou suivant une reconstitution de population (interdiction du tir, plan de chasse ou de gestion) est souvent mieux adaptée et respectée que par le passé. De ce fait, dans certains départements, le faisan naturel est passé d'une présence diffuse à une implantation sur plusieurs communes, voire régionale, et prend une place de plus en plus grande auprès des médias spécialisés en raison des nombreux efforts réalisés et des bons résultats généralement obtenus en matière d'aménagement, de repeuplement et de mode de chasse. L'enquête actuellement en cours devrait confirmer cette bonne évolution. De plus, ce gibier est très démonstratif : les coqs chantent toute l'année, peuvent être observés sans trop de difficulté et possèdent une allure et un plumage magnifiques. Il peut de ce fait, être un excellent « ambassadeur » de la chasse quand il vit à l'état naturel ou semi-naturel. Des gelées tardives et de fortes précipitations printanières, entraînent des abandons de nids ou une mauvaise incubation. La persistance de mauvaises conditions climatiques, pluies et froid, provoquent de fortes mortalités chez les jeunes âgés de moins de deux à trois semaines Le recoquetage peut compenser dans une certaine mesure la faiblesse de la reproduction. Des problèmes interviennent dans des populations très artificialisées résultant de lâchers importants d'oiseaux issus d'élevage en mauvais état sanitaire. Les principales maladies rencontrées sont d'origine parasitaire : coccidiose, syngamose, capillariose, hétérakidose... , bactérienne : tuberculose, infection à staphylocoques, pseudo tuberculose...ou virale : maladie de Newcastle. Les transmissions de maladies aux populations naturelles apparaissent peu fréquentes. Les prédateurs de l'espèce sont nombreux, notamment le renard et les mustélidés qui s'attaquent aux adultes et aux jeunes, mais aussi aux œufs, les chiens et les chats errants, les rapaces, les corneilles, les pies et les hérissons. (liste non exhaustive) La prédation peut constituer la cause principale de mortalité suite à un lâcher. Elle dépend de la densité de prédateurs et de leur spécialisation, mais aussi des techniques de lâcher et de la qualité des faisans introduits (souches sauvages - élevage rustique) et du milieu d'accueil (abris naturels). Sur des populations naturelles, elle peut être aussi très importante et, associée à d'autres facteurs, participer à leur régression, voire à leur disparition. Il ne semble pas dans l'état actuel des connaissances que le faisan nuise à d'autres espèces pour s'approprier nourriture et couvert par exemple. Le parasitisme des nids (ponte d'oeufs dans un nid de perdrix grise ou rouge) est connu, mais peu fréquent (île de Porquerolles). Il ne semble pas non plus concurrencé par d'autres espèces gibier : certains évoquent un impact défavorable du faisan vénéré mais le phénomène n'a pas été prouvé. La période de reproduction du faisan est la plus sensible aux interventions humaines. La destruction des nids ou des poussins lors des travaux agricoles, notamment dans les régions herbagères, ou d'entretien, limite fortement le développement de l'espèce. Le dérangement touristique, comme la cueillette du muguet, est à l'origine de nombreux abandons de nids. Le faisan, oiseau piéteur, paye aussi un lourd tribut à la circulation routière. Le Faisan est une espèce qui nécessite une gestion globale de l'ensemble des milieux qu'il occupe alternativement tout au long de l'année (par exemple le fonds de vallée et la plaine environnante) et qui peuvent dépendre de plusieurs détenteurs de chasse. Sa répartition est hétérogène et il lui arrive de se concentrer sur de petites superficies attractives, notamment en grandes plaines, ce qui implique une gestion entraînant la suppression des enclaves par le biais d'une réglementation adaptée. Il n'atteint son plein développement qu'à la mi-octobre où il devient alors un gibier apte à bien se défendre. Il faut donc une chasse plus tardive pour sauvegarder les populations naturelles ou en devenir. Il n'apprécie pas les dérangements répétés et il est indispensable de prévoir, durant la période de chasse, des zones de tranquillité, même là où l'espèce fait l'objet de prélèvements contrôlés. Caractères écologiques
Habitat
Territoire et domaine vital
Répartition géographique
Statut juridique
État des populations et menaces potentielles
Populations naturelles de faisans communs en 2002
Lâchers
Facteurs influençant la dynamique de population
Climat
Maladies
Prédation
Compétition
Sensibilité aux activités humaines
Propositions de gestion
Quelques réflexions préalables
Les aménagements de l'habitat
Les aménagements ont pour but de réunir, sur des espaces restreints, les secteurs de nourrissage, de couvert et d'ensoleillement susceptibles de satisfaire les exigences du faisan tout au long de l'année, particulièrement au printemps pour les coqs territoriaux et les couvées. Ils ne doivent pas favoriser uniquement les couverts automnaux, qui auraient alors comme effet principal de faciliter les prélèvements par la chasse.
- Au bois l'exploitation des taillis seuls ou des taillis sous futaie tous les trente ans au maximum est primordiale car ils procurent des zones de couvert et d'alimentation indispensables. Le mélange des essences forestières et la réduction de la taille des parcelles à quelques ha facilitent le cantonnement des reproducteurs. L'entretien et la création d'un réseau d'allées et de layons favorisent la pénétration de la lumière et le développement des insectes indispensables à la survie des poussins et des graminées utiles en tous temps. Des résineux placés en écran en bordure de bois ou en îlots à l'intérieur des parcelles de feuillus fournissent un abri en période de neige. Enfin l'agrainage en sentier ou au moyen de distributeurs, et la création de cultures dans les grandes allées ou les clairières procurent une source supplémentaire de nourriture très précieuse en cas de disette. On ne peut espérer de fortes densités d'oiseaux au sein de grands massifs mais cela est possible quand leur superficie ne dépasse pas quelques dizaines à 200 ou 300 ha.
- En plaine, la présence du faisan est favorisée par le maintien ou l'implantation de boqueteaux aménagés, même sur 1 à 2% de la surface, la sauvegarde et l'entretien des haies, fossés enherbés, friches et buissons. La diversification des cultures et la présence de parcelles ou de larges bandes d'engrais vert facilitent le cantonnement. Les cultures pour le gibier sont coûteuses et doivent généralement être réservées aux zones de monoculture et peuvent être accolées à des couverts permanents.
- Dans les bocages, le maintien et l'entretien de larges haies et de bosquets, si possible sur plus de 10 à 15% de la surface, constituent l'essentiel des aménagements. Les régions de polyculture élevage sont plus favorables que les régions essentiellement herbagères.
- En zones humides, le cantonnement et la fréquentation sont facilités par le fauchage ou le girobroyage partiel des roselières qui créent des couverts de hauteur variée et offrent des zones ensoleillées et des refuges. Le percher est facilité par la création ou le maintien d'arbres ou d'arbustes.
- Dans les grandes zones incultes faiblement boisées : landes diverses, maquis ou garrigues, toute action tendant à y maintenir ou recréer une activité agricole en installant des cultures nourricières (millet, moha, avoine, blé, etc) bien réparties sur la zone est favorable mais les possibilités sont réduites en raison de leur coût. Le pâturage extensif, rarement mis en œuvre, est bénéfique pour la repousse de l'herbe. Les interventions consistent généralement à créer ou entretenir des bandes de couvert bas dans les friches (hors période de nidification)et à recéper des buissons. La réussite est liée principalement à l'importance des cultures accessibles et il est illusoire d'espérer de forts effectifs si les interventions ne sont pas réalisées sur de vastes étendues.
Biotope | Capacités d'accueil moyenne (nb faisans / 100 ha) |
Milieu très boisé | 3-5 |
Milieu humide (marais, prés inondés, peupleraies) | 3-15 |
Bocage | 5-15 |
Garrigues, maquis, landes | 5-15 |
Milieu de cultures avec bosquets | 25-40 |
Biadi F. & P. Mayot (1990). P. Mayot (2003). – Mayot P. & F. Biadi (2000). Mayot P., C. Camus & O. Lenormand (1997)Bibliographie
Les faisans.
Hatier. Paris. 212 pp.
Repeuplement de faisans en été : volière à ciel ouvert ou petite volière de pré-lâcher ?
Faune Sauvage, 258 : 15-19.
Le faisan commun. Enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir saison 1998-1999.
Faune Sauvage, 251 : 54-61.
Adaptation en nature de différentes souches de faisans.
Bulletin Mensuel de l'O.N.C., 221 : 18-23.
Auteurs : F. Biadi, P. Mayot.
L'article et les illustrations sont de l'ONCFS. La version originale de cette fiche de l'ONCFS est publiée sur internet ici... Publication 2004.