Perdrix grise de plaine

Publié dans Les espèces

Une fiche de l'ONCFS.

Description de l'espèce

Perdrix griseAux jumelles : La distinction des coqs et des poules est possible par observation aux jumelles pour des oiseaux âgés de plus de 3-4 mois selon des critères tant morphologiques que comportementaux. Le mâle présente entre autres des couleurs plus vives (la tête est plus rousse), et en période de reproduction, lorsque les oiseaux vivent en couples, il présente une attitude dressée tandis que la femelle reste discrète (elle est « tapée »).

Tenu en main : Pour un oiseau de plus de 3-4 mois tenu en main, l'observation des plumes scapulaires permet également de déterminer le sexe de l'oiseau : les rayures sont en croix de Lorraine chez la poule tandis que les raies sont simples chez le coq. 

Détermination de l'âge

Aux jumelles : Les jeunes oiseaux peuvent être distingués des adultes jusqu'à environ 3 mois à leur silhouette générale et à l'aspect du plumage : leur taille est plus petite, leur profil est plus allongé, la couleur de leur plumage, en particulier de la tête et de la gorge, varie en fonction de l'âge.

Tenu en main : L'âge des oiseaux de moins de 4 mois peut être déterminé plus précisément d'après la chronologie de la mue. Au printemps, les subadultes et les adultes, peuvent être distingués d'après l'extrémité de leurs rémiges (pointue chez les subadultes, arrondie chez les adultes).

Caractères biologiques

  • Régime alimentaire
  • Rythme d'activité
  • Reproduction et survie

Régime alimentaire

Jusqu'à l'âge de 3-4 semaines, le perdreau consomme essentiellement des invertébrés (pucerons, fourmis mais aussi coléoptères, chenilles, araignées etc).

Le régime des adultes semble dépendre des ressources disponibles. La proportion de graines, fragments végétaux et d'invertébrés varie selon les saisons.

En automne, les perdrix accumulent des réserves en vue de l'hiver. En été, les périodes de nourrissage correspondent aux heures qui suivent l'aube et précèdent le coucher du soleil.

Rythme d'activité

L'espace occupé par la perdrix est limité. Les estimations du domaine vital sont assez variables en fonction de la méthode utilisée pour l'estimer, de la période d'étude, et du lieu géographique. De façon générale, l'espace vital couvre quelques hectares à quelques 100 ha. Les distances de dispersion des jeunes, mesurées par télémétrie, sont faibles : de quelques centaines de mètres à 1,5 km.

Reproduction et survie

La perdrix grise est une espèce sédentaire monogame. Les couples se forment en hiver. A partir du mois de mai, les poules font leur nid dans des endroits où la végétation atteint un couvert suffisant. Les céréales et les éléments linéaires abritent l'essentiel des nids.

Les poules commencent à pondre début mai. En cas de destruction des pontes, les poules peuvent pondre une seconde voire une troisième ponte (de remplacement, dites de recoquetage). La taille de ces pontes successives se réduit progressivement de 15 à 12 puis 8 oeufs en moyenne. La couvaison débute dès le dernier œuf pondu et dure 23-25 jours. Pendant la période de couvaison la poule ne s'absente que peu de temps de son nid, surtout par temps de pluie, et d'autant moins que la date d'éclosion est proche. Pendant ce temps, les coqs veillent à proximité des nids. L'immobilité des poules les rend sensibles au machinisme agricole et à la prédation. Les pontes commencent à éclore vers la mi-juin. L'éclosion des œufs d'un même nid est synchrone, les poussins quittent le nid après quelques heures (ils sont nidifuges) et forment avec les parents un groupe familial appelé compagnie. Les 15 premiers jours de vie des poussins sont une étape critique car ils sont sensibles à la fois aux prédateurs (ils commencent à voler vers 2 semaines), au froid (ils commencent à thermoréguler vers 10 jours) et aux pratiques agricoles (leur régime alimentaire est « insectivore »).

Le profil démographique de la perdrix est celui d'une forte productivité et d'un faible taux de survie annuel (variant entre 35 et 45 %). Les compagnies perdurent jusque vers fin décembre puis éclatent. Cet éclatement des compagnies coïncide avec la phase de dispersion des perdrix qui concerne essentiellement les jeunes et surtout les mâles.

Caractères écologiques

Les perdrix grises de plaine se rencontrent principalement dans les plaines céréalières ouvertes de la moitié nord de la France.

Elles semblent inféodées aux céréales à paille.

Elles n'aiment pas les zones trop boisées, trop humides ou trop herbagères.

L'habitat le plus favorable est une mosaïque de cultures diversifiées avec des zones refuges tels que des zones incultes ou des buissons.

Répartition géographique

La Perdrix est un oiseau gibier eurasiatique dont il existe de nombreuses espèces dans le monde. Introduite en Amérique du Nord au XIXème siècle, elle y connaît actuellement une expansion de son aire de répartition.

  • Distribution de l'espèce en France

Distribution de l'espèce en France

En France, la perdrix grise dite de plaine se rencontre schématiquement dans la moitié nord du pays ainsi qu'en moyenne montagne en Auvergne-Limousin. Les populations de perdrix grise des Pyrénées correspondent à une sous-espèce hispaniensis différant par sa coloration, son milieu de vie et par des spécificités génétiques.

 Distribution de la perdrix grise

 Répartition géographique et statut sauvage/lâché par commune.

 Répartition géographique et statut sauvage/lâché par commune.

Statut juridique

En date du : 1 janvier 2004

Europe : La perdrix grise n'est pas menacée en tant qu'espèce à l'heure actuelle. En effet, les effectifs sont encore élevés à l'échelle européenne. Toutefois, ses effectifs ont fortement chuté depuis la seconde guerre mondiale. De ce fait la perdrix grise est classée Vulnérable à l'échelle de l'Europe. L'espèce est inscrite sur les annexes II et III de la directive « Oiseaux » et sur l'annexe III de la convention de Berne ; sa chasse est autorisée.

France : La France abrite la population de perdrix grises la plus importante d'Europe de l'Ouest. Son effectif a été estimée à 750 000 couples au printemps 1998. La raréfaction de la perdrix grise en nombre de couples nicheurs depuis 20 ans s'est accompagné d'une restriction de son aire de répartition. A ce titre, l'espèce est classée sur liste Orange en France.

  • Mesures réglementaires en France

Mesures réglementaires en France

La chasse de la perdrix grise est autorisée sur l'ensemble du territoire. Les prélèvements cynégétiques sont assez souvent l'objet d'une gestion, mise en place à la demande des chasseurs et dont les modalités peuvent être :

  • un plan de chasse - ou de gestion, essentiellement en région Centre, Picardie et Champagne-Ardennes
  • un nombre limité de jours de chasse (Nord Pas-de-Calais, Bretagne, Franche Comté…),
  • un système mixte de quota et d'un nombre de jours limités.

État des populations et menaces potentielles

  • Statut des populations à l'automne 1998
  • Présence
  • Abondance
  • Tendances d'évolution
  • Facteurs influençant la dynamique de population
  • Sensibilité aux pratiques agricoles
  • Prédation
  • Maladies
  • Résistance aux intempéries

Statut des populations à l'automne 1998

La population française, constitue malgré ses difficultés, le bastion de la perdrix grise en Europe de l'Ouest. Une enquête menée par F. Reitz en 1998 a permis de dresser le statut de cette espèce en France.

  • Présence
  • Abondance
  • Tendances d'évolution

Présence

La perdrix grise est présente à l'état sauvage sur la plupart des communes situées dans un triangle allant du Nord à la Vendée et à la Côte d'Or, dans les plaines de Lorraine et d'Alsace, en bordure nord et dans l'est du Massif central, dans la basse vallée de la Saône. Sa présence à l'état sauvage est beaucoup plus sporadique dans les autres communes des deux-tiers nord de la France, en particulier en Bretagne, en Basse Normandie et en Franche Comté. La perdrix grise est présente mais avec des lâchers sur un bon nombre de communes de l'ouest, en Région Parisienne, en Bourgogne et en Limagne. (Figure 2)

Abondance

Les régions administratives les plus densément peuplées en perdrix grises sont le Nord – Pas de Calais et la Picardie. Dans ces régions, la densité atteint couramment et dépasse parfois 20 à 30 couples aux 100ha au printemps. Viennent ensuite la Haute Normandie, l'Ile de France et le Centre, cette dernière région apparaissant comme très contrastée : le nord de la région, la Beauce, ancien bastion de la perdrix grise, est beaucoup plus peuplé que le sud. La Champagne-Ardenne est ensuite la dernière région à présenter un nombre non négligeable de communes à forte densité. Parmi les autres régions situées au sein de l'aire de répartition historique de l'espèce, la Bretagne, la Lorraine, la Franche-Comté, le Limousin, l'Auvergne et Rhône-Alpes sont celles où les perdrix grises sont les plus rares puisque absentes ou présentes à très faible densité dans plus de 90% des communes.

 Abondance de la perdrix grise
Abondance de la perdrix grise.

Tendances d'évolution

La comparaison des enquêtes nationales de 1979-80 et 1998-99 montre que les régions agricoles à forte densité étaient plus nombreuses à la fin des années 90 que vingt ans plus tôt. A l'opposé on enregistre aussi plus de régions où la perdrix grise est totalement absente. Il semble donc que l'évolution récente des populations soit caractérisée par une réduction de l'aire de présence avec un accroissement des densités dans les zones les plus favorables suite à une gestion plus conservatrice des populations mise en place par les chasseurs.

Des données plus précises sont disponibles sur une quinzaine de départements du centre-nord grâce à la centralisation par le réseau perdrix-faisans des données recueillies pour la gestion de l'espèce. Elles montrent que dans cinq départements, la tendance d'évolution des densités de reproducteurs au printemps depuis une dizaine d'années est plutôt à la hausse. Ceci peut être mis en rapport avec l'extension de la politique de gestion des populations (création de GIC, mise en place de plans de chasse, etc…) accompagnée bien souvent de la mise en place d'une politique étendue de gestion des habitats au sens large en faveur de la perdrix (jachères faune sauvage, plantations, agrainage intensif, régulation des prédateurs). Dans sept autres départements, on a assisté plutôt ces dernières années à des fluctuations de populations, notamment au gré de variations du succès reproducteur dues aux conditions climatiques, sans qu'une tendance nette se dégage. Enfin, dans trois départements de la région Centre, on a enregistré un net déclin vraisemblablement lié à une forte pression de prédation des perdrix adultes dans un habitat dégradé.

Facteurs influençant la dynamique de population

  • Sensibilité aux pratiques agricoles
  • Prédation
  • Maladies
  • Résistance aux intempéries

Sensibilité aux pratiques agricoles

Le caractère terrestre de la perdrix grise ainsi que son mode d'occupation de l'espace agricole la rendent sensible aux pratqiues agricoles, notamment à l'irrigation, au broyage des jachères et des bordures de chemins et à la fauchaison des fourrages en mai-juin qui sont susceptibles de détruire les pontes et les poules couveuses ; à l'emploi des produits phytosanitaires qui réduisent la disponibilité en insectes et peuvent causer des intoxications; aux moissons, déchaumages et labours précoces.

Prédation

Nombreux sont les prédateurs généralistes qui peuvent potentiellement consommer des perdrix au stade œuf, poussin ou adulte. Parmi les prédateurs Mammifères, on peut citer le renard ainsi que des Mustélidés comme la fouine, la belette ou l'hermine. Les chats harets, les hérissons, les rats et les chiens errants sont d'autres prédateurs potentiels mais les études diffèrent sur l'importance de leurs déprédations sur les perdrix. Les espèces Oiseaux prédatrices de la perdrix au stade adulte sont essentiellement des rapaces tels que le busard Saint-Martin ou l'épervier d'Europe ; les corvidés, telle la corneille noire ou la pie bavarde s'attaquent aux pontes et aux poussins. Ces prédateurs peuvent être classés en deux grandes catégories selon leur stratégie de chasse : les prédateurs carnivores terrestres qui chassent à la nuit tombée plutôt à l'odorat et les prédateurs aériens dont la chasse diurne se fait à la vue.

Maladies

Il existe un certain nombre de maladies liées à des vers parasites (respiratoire : syngamose ou digestif : capillariose, hétérakidose), des champignons (aspergillose), des protozoaires (histomonose, trichomonose, coccidiose) ou des maladies bactériennes (pasteurellose, salmonellose, colibacillose). Leur incidence sur les oiseaux sauvages n'est pas très importante.

Résistance aux intempéries

La perdrix est particulièrement sensible aux conditions météorologiques en ce qui concerne sa reproduction. Les précipitations peuvent noyer des pontes, les fortes chaleurs peuvent compromettre l'éclosion des oeufs. Le froid, le vent et la pluie sont susceptibles d'augmenter sensiblement la mortalité chez les poussins. Les conditions météorologiques sur la survie des poussins peuvent agir aussi indirectement au travers de la disponibilité en insectes. De même, des conditions climatiques « rigoureuses » en hiver (gel, neige) peuvent rendre la recherche de nourriture difficile et coûteuse en énergie pour assurer l'homéothermie des oiseaux.

Figure 4 : Simplification extrême de l’habitat
(monoculture, grand parcellaire, disparition des éléments fixes…)
Photo : service technique FDC 51
.

Propositions de gestion

  • Définition d'objectifs par type d'habitat
  • Moyens d'actions : aspects techniques et réflexions
  • Gestion des populations
  • La gestion des prélèvements par la chasse
  • Les lâchers
  • Conséquences sur la gestion
  • Conséquences génétiques
  • Conséquences sanitaires
  • Conséquences comportementales
  • Conséquences sur la prédation
  • Gestion des territoires
  • L'aménagement de l'habitat
  • Les modifications de pratiques agricoles
  • L'agrainage
  • Le contrôle des prédateurs

Définition d'objectifs par type d'habitat

La perdrix grise habite préférentiellement les grandes plaines ouvertes cultivées, correspondant probablement à son milieu steppique d'origine. Elle est bien moins abondante voire absente dans les milieux plus boisés ou plus fermés, humides et herbagers. L'objectif fixé doit donc être réaliste et correspondre aux potentialités du milieu.

Il ne sert à rien de vouloir implanter la perdrix grise partout au mépris de ses exigences écologiques.

  Plaine céréalière ouverte Bocage polyculture-élevage Zone herbagère Maïsiculture Moyenne montagne
Objectif de densité Moyenne à forte Faible à moyenne selon ouverture et proportion de céréales Faible Faible Faible
Menaces

Irrigation
Moisson précoce
Machinisme
Produits phytosanitaires
Prédation

Prédation Machinisme Pression pâturage Fauchage Prédation Monoculture d'un couvert non favorable à la perdrix  
Mesures de gestion
(Cf. « Moyens d'actions »)
Gestion prélèvement
Gestion habitat
Contrôle des prédateurs
Agrainage
Gestion prélèvement
Contrôle des prédateurs
Agrainage
rien à faire rien à faire  
Observations   La perdrix grise est un oiseau de milieu ouvert, le bocage est trop fermé pour elle   Le maïs est une culture défavorable à la perdrix (nidification, nourriture, couvert hivernal), son seul avantage est de créer un couvert d'été-automne Milieu a priori moins favorable à la perdrix grise (conditions climatiques) et souvent en marge de l'aire de distribution (massif central)
  • Forte : > 15 couples / 100 ha
  • Moyenne : 6 à 15 couples / 100 ha
  • Faible : 1- 5 couples / 100 ha

Moyens d'actions : aspects techniques et réflexions

Gestion des populations

  • La gestion des prèlèvements par la chasse
  • Les lâchers
  • Conséquences sur la gestion
  • Conséquences génétiques
  • Conséquences sanitaires
  • Conséquences comportementales
  • Conséquences sur la prédation
  • Gestion des territoires
  • L'aménagement de l'habitat
  • Les modifications de pratiques agricoles
  • L'agrainage
  • Le contrôle des prédateurs

La gestion des prélèvements par la chasse

Elle a été progressivement développée depuis une vingtaine d'années. Aujourd'hui, les prélèvements sont limités par mesure administrative (quota le plus souvent avec bracelets et/ou nombre de jours de chasse limité) sur plus d'un tiers des communes.

Les lâchers

Des lâchers de repeuplement peuvent être réalisés pour consolider une population naturelle. Les lâchers de jeunes oiseaux en été semblent donner les meilleurs résultats. Des exemples ont toutefois montré que sans un diagnostic approfondi mettant en avant une pression de chasse excessive ou si l'on ne remédie pas de façon très substantielle à une éventuelle dégradation de l'habitat (biotope et/ou prédation), on risque fort d'aboutir à un échec même si l'on opère à vaste échelle en lâchant de grandes quantités d'oiseaux. Ces opérations qui mettent en jeu des moyens humains et financiers importants et peuvent conduire au discrédit de leurs promoteurs en cas d'échec doivent donc être particulièrement bien réfléchies. Environ 17% des communes procèdent à des lâchers de tir, situées essentiellement dans les régions où le petit gibier est encore très recherché par les chasseurs mais où les populations gérées à l'état sauvage ne permettent pas une pression de chasse à même de satisfaire la demande. C'est le cas des régions bordant le bassin parisien à l'ouest et au sud et de l'ïle de France. La pratique des lâchers de tir n'a jamais été encouragée par le CNERA PFSP dont la politique d'études et recherches a toujours été orientée vers la gestion (ou la reconstitution) de populations sauvages. Cela étant, si l'on se place dans une optique politique de satisfaction des chasseurs, ce peut-être dans certains cas la seule solution mais il ne nous appartient pas d'en débattre ici. Il convient cependant de rappeler les inconvénients d'une telle pratique pour la préservation des oiseaux sauvages.

On peut envisager le lâcher de perdrix rouges pour préserver la perdrix grise tout en satisfaisant une demande de pression de chasse importante. Il n'est pas évident que l'objectif puisse être atteint de cette façon, le lâcher de perdrix rouges pouvant avoir les mêmes effets pervers par rapport à la gestion, la prédation et les conditions sanitaires que des lâchers de grises. La distinction entre les deux espèces n'est pas toujours possible au moment du tir, ce qui peut conduire à des dépassements de plan de chasse ou même à un tir en période prohibée lorsque les périodes légales de chasse ne sont pas les mêmes. Les avantages sont évidemment l'absence totale de risque de pollution génétique et la reconnaissance immédiate des oiseaux issus d'élevage dans le tableau de chasse.

  • Conséquences sur la gestion
  • Conséquences génétiques
  • Conséquences sanitaires
  • Conséquences comportementales
  • Conséquences sur la prédation
Conséquences sur la gestion

L'expérience montre qu'il est très difficile de gérer des populations naturelles au sein desquelles sont introduits chaque année des oiseaux d'élevage, sauf quand on a la possibilité de les épargner à la demande (plan de chasse ne s'appliquant qu'aux oiseaux naturels ce qui suppose de pouvoir reconnaître aisément les oiseaux issus d'élevage et de pouvoir arrêter la chasse dès que le plan de chasse est atteint). Quand cette possibilité n'existe pas, il arrive que l'on prélève en début de saison de chasse surtout des gibiers lâchés mais, assez vite, un prélèvement important intervient également sur les gibiers naturels. Par ailleurs, le recours possible à des lâchers de chasse ou de tir provoque le désintérêt progressif des chasseurs pour la gestion des populations sauvages et des milieux. Cela peut entraîner la quasi disparition des perdrix sauvages, même dans des secteurs où elles pourraient se maintenir en quantité importante. La conservation de populations sauvages dans ce contexte suppose donc une obligation pour les chasseurs de mettre en place un aménagement du milieu et de participer activement au suivi des populations.

Conséquences génétiques

Il n'a pas été possible d'estimer de façon générale le niveau de « pollution génétique » qu'entraînent des lâchers destinés à renforcer des populations car, si elle existe, elle dépend probablement d'un grand nombre de facteurs parmi lesquels l'origine des oiseaux, l'importance et la nature de la population naturelle résiduelle, la réussite du lâcher...et ne peut être jugée qu'au coup par coup

Conséquences sanitaires

On peut craindre, en cas de lâchers massifs, des contaminations parasitaires, bactériennes ou virales, de populations sauvages. De tels faits ont été cependant rarement observés.

Conséquences comportementales

L'arrivée d'un nombre souvent important d'individus au sein d'une population entraîne des réactions de la part des perdrix présentes sur le terrain. Quand des adultes adoptent des jeunes lâchés en été l'effet est bénéfique, mais quand la présence de nouveaux arrivants provoque des batailles et des comportements agressifs, les conséquences sont probablement moins favorables, ne serait ce qu'en diminuant la vigilance des oiseaux vis-à-vis des prédateurs.

Conséquences sur la prédation

L'afflux de perdrix constituant pendant quelques jours à quelques semaines des proies souvent assez faciles à capturer attire les prédateurs, qui tendent alors à se spécialiser sur ces oiseaux et continuent à les poursuivre même quand elles sont plus difficiles à appréhender (oiseaux naturels ou oiseaux d'élevage bien acclimatés ). Par ailleurs, l'augmentation de la ressource alimentaire que représentent ces gibiers peut avoir un effet favorable sur le développement et la prolifération des espèces prédatrices.

Gestion des territoires

Une enquête récemment menée par P. Mayot a fait le point, région par région, sur la gestion des territoires pour la perdrix grise.

  • L'aménagement de l'habitat
  • Les modifications de pratiques agricoles
  • L'agrainage
  • Le contrôle des prédateurs

 

L'aménagement de l'habitat

Il vise à implanter des couverts annuels (jachères « Environnement et Faune Sauvage », cultures à gibier, couverts intermédiaires) ou permanents (bandes-abris, haies basses-tiges, buissons) judicieusement répartis sur le territoire. L'objectif étant de diviser le grand parcellaire, de diversifier les cultures, d'apporter des couverts complémentaires en termes de phénologie et d'intérêt faunistique (zones de refuge, d'alimentation ou de reproduction. Ces couverts correspondent en général à 1-3% de la SAU. Ils sont gnéréalement préconisés sous forme de bandes d'une part parce qu'ils peuvent être adaptés aux largeurs des engins agricoles (rampes de pulvérisation) et ne constituent pas une gêne importante pour les travaux dans les champs (raisons agricoles) et d'autre part parce que la bande apporte une grande longueur de lisière (raison faunistique). Toutefois, il semble que ce mode d'aménagement de l'habitat, lorsqu'il est trop disséminé, augmente les risques de prédation en hiver, lorsque les plaines sont nues, en concentrant proies et prédateurs à proximité de ces couverts.

 Figure 5a : Bandes de terre nue pour diviser le grand parcellaire et augmenter l’abondance des lisières de céréales (hors escourgeon) pour la nidification
Photo : E. BRO.

 Figure 5b : Les buissons composés de divers arbustes locaux et les banquettes herbeuses associées procurent un habitat favorable.
Photo : E. BRO.

 Figure 5c : Les bandes ou îlots de couverts d’automne comme les mélanges de maïs-sorgho ou millet procurent un couvert refuge au moment de la moisson et en automne.
Photo : R. LASSEUR.
Figure 5 : Aménagement de l’habitat.

Les modifications de pratiques agricoles

Elles visent à limiter les pertes en adultes, pontes et jeunes en réduisant les risques liés au machinisme agricole, à favoriser les zones de nourrissage des jeunes et à créer des caractéristiques de biotope favorables à la perdrix. Les principales actions proposées sont la gestion des bords de champs et des bords de chemins enherbés (en évitant l'irrigation, les moissons ou les fauches trop précoces ou faire des coupes hautes), l'utilisation de produits phytosanitaires non toxiques pour la faune, la mise en S uvre de techniques culturales simplifiées qui présentent des effets positifs sur la faune du sol, la flore adventice et les insectes (l'impact sur la faune gibier reste à étudier).

L'agrainage

Il a été montré que l'agrainage est susceptible d'améliorer le succès reproducteur des perdrix. Par ailleurs, les territoires à forte densité en perdrix sont bien souvent agrainés de façon intensive plus ou moins tout au long de l'année.

Le contrôle des prédateurs

Le contrôle des prédateurs par piégeage, déterrage et/ou chasse a pour objectif de limiter la mortalité des perdrix. Les résultats obtenus expérimentalement sont contrastés avec parfois des résultats à la clef (augmentation du succès de la reproduction et des densités de printemps) mais pas toujours. Il est probable que cela dépende de la complexité de la communauté de prédateurs, de leur abondance et de celle de leurs proies principales, de la pression de piégeage, ainsi que d'autres facteurs limitants du milieu. Néanmoins les territoires abritant de belles populations de perdrix sont bien piégés.

 

Bibliographie

Biadi F. (1984).
Adaptation à la nature des oiseaux gibiers issus d'élevage.
Bulletin Mensuel de l'O.N.C., 79 : 11-14.

Mayot P. (1999).
Aménagements pour la perdrix : résultats d'une enquête régionale.
Faune Sauvage, 249 : 28-32.

Birkan M. & M. Jacob(1988).
La perdrix grise.
Hatier. Paris. pp 284.

Reitz F, E. Bro, P. Mayot & P. Migot (1999).
Influence de l'habitat et de la prédation sur la démographie des perdrix grises.
Bulletin Mensuel de l'O.N.C., 240: 10-21.

Reitz F. (2003).
Le statut communal de la perdrix grise et de la perdrix rouge en France : résultats d'une enquête.
Faune Sauvage, 258 : 25-34.

Rocamora G. & D. Yeatman–Berthelot (1999).
Oiseaux menacés et à surveiller en France. Liste rouge et priorité. Populations, tendances, menaces et conservation.
Société d'Etudes Ornithologiques de France / Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris.


Auteurs : F. Reitz, Elisabeth Bro.

L'article et les illustrations sont de l'ONCFS. La version originale de cet article est accessible ici...

Publication 2004.