L'arrêt - Servir l'arrêt

Publié dans La chasse

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Les différentes possibilités de servir l'arrêt

ChasseurLa finalité de l’arrêt, c’est de permettre le tir, donc la capture, du gibier recherché et ensuite l’efficacité.
Lorsque le chien est en pose d’arrêt, le tireur essaie toujours de se placer de façon à pouvoir tirer dans la meilleure position possible, en assurant la sécurité. Le tireur, après avoir repéré son ou ses partenaires de chasse ainsi que les différents obstacles qui pourraient gêner le tir, se place, s’il en a la possibilité, de face ou de trois-quarts arrière par rapport au chien, sachant qu’à tout moment, le gibier peut fuir et n’est pas toujours au bout du nez du chien.

Une fois placé, le tireur peut adopter plusieurs solutions, suivant les circonstances et son tempérament.
1er cas :
il attend que le gibier décide de fuir seul, à son initiative. Cela peut être plus ou moins long.
2ème cas :
le tireur avance doucement, se place devant le chien, marche lentement en piétinant le sol. Il fait du bruit, ce qui déclenche l’envol.
Ou encore, le chien est à l’arrêt. Le tireur arrive, se place, vérifie l’environnement, donne l’ordre au chien de couler, ce qui déclenche l’envol.
3ème cas :
le tireur, placé, jette un objet (caillou, pomme de pin) devant le chien ; parfois, il doit répéter l’action deux ou trois fois, si la bécasse est bien calée. L’oiseau décolle brutalement ; son départ est souvent accompagné d’une charge du chien.
4ème cas :
Personnellement, sur les sites encombrés, je fais “bourrer” à l’ordre, ce qui déclenche un départ brutal de l’oiseau qui, dans la majorité des cas, monte vers le haut des gaulis ou des buissons, rendant le tir plus facile et efficace. Cette technique m’évite d’avoir les poches chargées de projectiles et une attente incompatible avec mon caractère.
J’ai toujours appliqué cette technique à la bécasse, avec différentes races de chiens (Setters et Pointers), sans qu’aucun n’ait perdu l’instinct d’arrêter et de vouloir bourrer ensuite le gibier arrêté.
Les puristes critiquent ; certains condamnent la méthode ; les chiens qui pratiquent cette façon d’agir, ce respect de l’ordre, font preuve d’un grand mental et ont parfaitement compris ce que leur maître leur demande.

E. DEMOLE est partisan de cette pratique qui, je pense, n’est pas sans risque :
“Il n’est pas correct, du point de vue du dressage strict, de faire forcer l’arrêt, mais cette pratique rend des services inestimables au bois. On doit chercher à inculquer “cette qualité ou ce défaut” aux bécassiers. L’on n’y parvient pas toujours, car les chiens qui sont trop prudents, qui ont trop d’arrêts, ne se prêtent pas volontiers, à ce petit jeu. “Ce dressage si spécial a bien des inconvénients. Il risque d’inciter les jeunes élèves ou les chiens dont l’arrêt n’est pas très ferme à bourrer avant d’avoir reçu l’ordre.”
“ L’oiseau qui, affolé, ne cherchait pas le baliveau sauveteur, mais dont la seule préoccupation était de fuir le plus vite possible, même en plein air”, ce qui facilite le tir, c’est évident.”

Dans la littérature bécassière, d’autres conseillent cette pratique qu’ils estiment dangereuse, comme Maurice de la FUYE : “ Je ne conseille pas au chasseur de lever lui-même la bécasse..... L’avance à l’ordre est employée couramment par les chasseurs au marais pour déloger les bécassines des zones inaccessibles, et d’une façon habituelle, par quelques-uns pour les mettre à l’essor”.
5ème cas :
Servir l’arrêt quand on est plusieurs.
Il y a des règles de courtoisie, un savoir-vivre qui veut que chacun respecte l’autre et qu’un ordre de tir soit implicitement admis. Cela peut correspondre à “ chacun son tour”, quel que soit le chien à servir, ou ce qui part d’un côté est pour l’un des amis vice-versa.

Edouard DEMOLE préconise un certain respect entre deux partenaires habituels en les assujettissant à des règles de courtoisie qui sont un régal pour deux amis qui savent s’entr’aider et avoir des prévenances réciproques.
À savoir : s’attendre, ne jamais servir son chien à l’arrêt, ne jamais aller relever une bécasse sans avoir prévenu et attendu, si possible, l’arrivée du camarade qui apportera son aide, sa collaboration.


L'article a été publié dans le journal "La Modrorée" et a été publié sur le site du CNB.
(*) L'auteur Jean-Paul Boidot est docteur vétérinaire. Il est ancien président et président d'honneur du CNB. Il est aussi fondateur et président de la FANBPO. Jean-Paul Boidot est aussi vice-président de la Fédération des Chasseurs du Finistère.